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Ernest et Célestine, le voyage en Charabie

Une épopée humaniste et joyeuse dédiée à la musique et à la liberté !

Dix ans après la sortie en salle du célèbre duo Ernest et Célestine, avec un dessin animé de Benjamin Renner, premier réalisateur à porter à l’écran les personnages de Gabrielle Vincent(1), nous les retrouvons en 2022 à l’affiche dans les salles, animés cette fois par deux autres réalisateurs : Jean-Christophe Robert et Julien Chheng. Leur film d’animation, délicatement crayonné et tout en rondeurs, comme les dessins dont il s’inspire, donne à voir le voyage qui a conduit Ernest, ours grognon au cœur tendre, et Célestine, petite souris espiègle, joyeuse et impertinente, à retourner au pays d’Ernest : la Charabie.

En effet, c’est la fin de l’hibernation et il est temps pour Ernest de retourner en ville jouer de la musique(2). Mais Célestine, dans sa précipitation et son enthousiasme, laisse tomber son précieux violon, un splendide « stradivarours ». Seul Octavius, le luthier qui vit en Charabie, pourra le réparer ! Voilà donc le joyeux duo parti pour un voyage plein de surprises et de rebondissements, surtout lorsque « les deux amis découvrent que la musique est bannie dans tout le pays depuis plusieurs années, à l’exception d’une seule note, le do, ce qui est impensable pour eux qui ne peuvent vivre sans musique. Accompagnés de complices, dont un mystérieux justicier masqué nommé Mifasol, Ernest et Célestine vont tenter de réparer cette injustice afin de ramener la joie et la liberté au pays des ours. »

C’est dans un rythme effréné, scandé par une musique très enlevée – qui est elle-même au centre de l’intrigue –, que le compositeur Vincent Courtois, auteur de la bande originale, entraîne le spectateur, dans une vraie continuité avec le film précédent dont il avait déjà signé la musique. Incarnés à merveille à l’écran par les voix de Lambert Wilson et de Pauline Brunner, les deux héros vont être confrontés aux règles absurdes et liberticides de ce pays dont la devise autoritaire, « c’est comme ça et pas autrement », s’affiche dès leur arrivée. À l’instar de La Fontaine qui se servait des animaux pour instruire les hommes, les réalisateurs dénoncent à travers leurs personnages des dictatures lointaines. Ce long métrage d’animation n’est pas sans rappeler, en effet, les pays où règnent le totalitarisme, l’intolérance et l’absence de liberté, mais cette thématique difficile est abordée sans jamais assombrir le film. Résistance et anticonformisme viennent la contrecarrer joyeusement ! Différents niveaux de lecture permettront alors à chacun, grands et petits, de plonger avec délice dans cet univers empreint de poésie et faisant la part belle aux situations palpitantes, souvent drôles et fantasques.

Le film offre de nombreuses pistes de réflexion qui pourront se décliner sous différentes formes.

Avant la projection

La présentation de l’affiche permet de créer des horizons d’attente et de formuler des hypothèses sur ce que l’on va voir. Repérer les éléments visuels et quelques éléments textuels. Ne pas manquer de s’arrêter sur le titre et particulièrement sur le nom de ce pays imaginaire où se déroule l’histoire : la Charabie, dans lequel on fera deviner aux enfants les mots que l’on y retrouve (Arabie, charabia, charivari, charia…), autant de mots qui résonnent dans ce titre et qui inviteront à une discussion.

Le thème des mondes imaginaires mérite aussi de s’y attarder avec des références à Alice aux pays des merveilles, Peter Pan(3)…

On pourra également entrer dans le film par le dynamique morceau « Free Charabie » de Vincent Courtois(4).

Après la projection

Pour une approche sensible et afin d’accueillir la parole des enfants sans donner bien évidemment son avis et sans projeter ses propres sentiments, leur proposer d’exprimer émotions, ressentis et points de vue :

  • • Qu’avez-vous vu ?

  • • Quels passages du film ont été perçus comme les plus forts ?

  • • Quels passages ou détails n'ont pas été compris ou ont fait peur ?

  • • Qu’est-ce qui a pu sembler curieux, étrange ?

Avec les plus petits, l’évocation d’une scène peut également se faire par un dessin, légendé d’une phrase ou deux, en dictée à l’adulte. Pour approfondir et enrichir le vocabulaire : décrire les personnages principaux et quelques autres qui auront aussi marqué les enfants, en puisant dans une liste d’adjectifs associés à chaque personnage (autoritaire, courageux·se, solitaire, sensible, enthousiaste, joyeux·se, triste…)

Débat ciné-philo :

– En appui sur la devise « c’est comme ça et pas autrement », demander ce qu’en comprennent les enfants. À quels moments du film est utilisée cette devise – qui est aussi un précepte qu’Ernest a l’habitude d’opposer à Célestine lorsqu’il lui est impossible de répondre à ses « pourquoi » ?

– Les personnages montrent qu’il faut parfois contourner les interdits de sa société quand ils sont infondés et que mieux vaut la solidarité que la solitude. Après avoir relevé les situations qui le montrent dans le film (le rôle de la police musicale, la chasse aux notes, Mifasol le héros masqué, la cachette des instruments, les clins d’œil aux années de la prohibition en Amérique…), engager le débat sur cette question des interdits, de l’entraide et de la solidarité, en lien pour les plus grands avec l’actualité des régimes totalitaires de certains pays où sévissent encore des dictatures…

– En appui sur une image : la réflexion subtile que suscite le film sur la famille, avec l’idée de présenter la maison des parents coupée en deux, pourra aussi faire l’objet de questionnements et d’échanges.

En arts plastiques : proposer de dessiner un story-board du film reprenant les moments clés, retrouvés collectivement, et permettant ainsi de revenir sur la compréhension. Dessiner Ernest et Célestine et un autre personnage de son choix en utilisant différentes techniques, supports, outils et médiums (différents papiers (carton, journaux…), des collages, du fusain, de l’aquarelle, des craies d’art, etc.).

Histoire de l’art : faire découvrir La Chambre de Van Gogh à Arles, en écho à celle d’Ernest.

Éducation musicale : s’immerger dans l’univers musical du film, tant la musique occupe une place importante dans l’univers d’Ernest et Célestine. Écouter la bande originale du film, directement accessible sur YouTube(4), et la superbe chanson « Qu’est-ce qu’on fait de l’amour ? » signée Claire Pommet, alias Pomme, compositrice et interprète. Reconnaître et nommer les instruments que l’on entend et que l’on voit dans le film, décrire les familles d’instruments(5) (à vent, à cordes percussions…)

Isabelle Crenn,

membre de l'OCCE 78

  1. De son vrai nom Monique Martin, cette illustratrice et autrice belge a créé les personnages d’Ernest et Célestine en 1981. Pour en savoir plus, consulter le site qui lui est dédié, fondation-monique-martin.be, et l’article de Philippe Paillard page 42.

  2. Découvrir l’album de Gabrielle Vincent Ernest et Célestine – musiciens des rues pour une mise en écho avec le film

  3. Consulter Le 1 des libraires du 23 novembre 2022, « Pourquoi rêvons-nous de mondes imaginaires ? » et le numéro spécial Peter Pan de La Bibliothèque idéale du 1.

  4. Écouter la bande son sur youtu.be/pnz5JoMGfPA.

  5. Consulter la fiche ressource sur les instruments de musique dans le dossier pédagogique élaboré par l’association Zéro de conduite : www.zerodeconduite.net/ressource-pedagogique/dossier-pedagogique-ernest-et-celestine-le-voyage-en-charabie